Il y a trop de voix dans ma tête
Il y a tant de failles dans mon âme
Que la folie m'approche parfois
La peur que la vie toujours se répète
De ne souffler qu'entre deux drames
Insinue tant de doutes en moi
Chaque jour, je lutte contre moi-même
Pour retrouver foi en quelque chose
A commencer peut-être par moi
J'ai pu à nouveau dire "je t'aime"
De tout mon cœur, c'était grandiose
Pourtant tout s'est écroulé, une nouvelle fois
Rajoutant de nouvelles voix

Il y a trop de voix dans ma tête
Celles de tous ceux et celles que j'ai croisés
Une minute, une heure, un jour ou des années
Une cacophonie de joies, de défaites
Qui ont tué mes silences intérieurs à jamais
J'aimerais juste me sentir, à nouveau, en paix
Alors je fonce, j'avance, j'escalade
Traverse les murs, explose les verrous
Pour ne plus regarder en arrière
Mais je me raconte des salades
Tout ce qui m'a mis à genoux
A changé la plupart de mes repères
Au retour de mes enfers

Il y a trop de voix dans ma tête
Celles qui aiment, celles qui pardonnent
Celles en colère, celles qui s'emportent
Je les fais taire, alcoolisant mes fêtes
Mais leur écho persiste et résonne
Au matin, elles reviennent à ma porte
C'est une épreuve interminable
De briser leur brouhaha incessant
De choisir celles qu'on veut écouter
Parfois j'en suis incapable
Alors je m'enfuis vers des temps
Où elles s'étaient atténuées,
Une oasis dépassée

Il y a trop de voix dans ma tête
Alors souvent je m'isole
Pour faire le tri, souffler un peu
J'aimerais parfois que tout s'arrête
Pour ne pas finir en camisole
Et enfin savoir s'il existe un Dieu
Mais je serre les dents, me relève
Quand il arrive qu'elles s'éteignent
Je profite de leur silence temporaire
Je retrouve celles qui parlent de rêves
Mais aussi celles qui pleurent, qui saignent
Je remets de l'ordre, érigeant des barrières,
Me libérant de leurs fers

Il y a trop de voix dans ma tête
L'enfant, refusant de grandir,
Émerveillé, les yeux remplis d'espoir
L'ado, plongé dans ses jeux et ses quêtes,
Ses heures à ne pouvoir dormir
A pleurer, et s'évader dans le noir
L'étudiant, enivré et poète
Qui jouait de ses mots, son sourire
Pour séduire, obtenir les faveurs
Le père, qui trop souvent s'inquiète
Envisageant toujours le pire
Alimentant ses propres peurs
De renouveler ses erreurs

Mais je sais que toutes ces voix
Ne sont que les pièces apparentes
D'un ensemble complexe en quête d'équilibre
Chacune m'aide à faire mes choix
Comme des ruisseaux gonflant un torrent
Elles sont la source de ma volonté de survivre
Quand il arrive qu'elles s'accordent enfin
Comme les notes d'une musique intérieure
Je savoure ce répit, le temps qu'il perdure
Je caresse l'espoir, qu'un de ces matins,
Elles puissent me fredonner, toutes en chœur,
Une symphonie, qui vibrera à la mesure,
De mon âme et ses blessures

Qu'alors la vie m'offre le privilège
De croiser celle dont les voix intérieures
Formeront une musique s'accordant à la mienne
Pour nous emporter comme dans un manège
Redevenus enfants, riant de nos frayeurs
Heureux d'être ensemble, quoiqu'il advienne
Se libérer enfin de cet ancien sortilège
Retrouvant l'indescriptible saveur
De ces temps où les sentiments s'apprennent
Celui des premiers "je t'aime"